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8 mars 2007 4 08 /03 /mars /2007 02:27

Comment savoir au juste si l’on est réellement à l’est de Berlin. Fut un temps, après la chute du mur, on pouvait se fier à la forme des petits bonhommes rouges et verts des feux de signalisation qui signalait au touriste qu’on se trouvait à l’est. Mais depuis un souci d'assurer un avenir à ces Ampelmännchen après la chute du mur (littéralement petits bonhommes du feu de signalisation), on a fini par les trouver dans les quartiers de l’ouest et il ne s'agissait dès lors plus d’une donnée infaillible.


Ceux qui connaissent bien Berlin vous diront qu’on ressent l’ambiance de l’est et je suis le premier à souscrire à cette impression même si cela dépend des quartiers. Peu avant la seconde guerre mondiale et pendant l’existence de la RDA, Friedrichshain était le quartier industriel des travailleurs et des usines. Non loin de la Mariannenplatz qui jouxte la frontière entre Kreuzberg et Friedrichshain, je m’en étais aisément rendu compte. Je me souvins que j’avais pris tout droit en direction de la Spree (fleuve qui traverse Berlin) et ce fut un tout autre décor qui se dressa sous mes yeux. C’est dans le contraste que j’avais le mieux saisi ce que signifiait la notion abstraite d’« ambiance » de Berlin-est. Sur le Schillingbrücke (Brücke=pont), des bâtiments de brique rouge, qui ressemblaient à des usines, m’accueillirent et, même après avoir traversé le pont, les édifices n’avaient plus le même aspect qu’à Kreuzberg.

 

Vue depuis le Schillingsbrücke

Tout paraissait gris et l’architecture des immeubles m’évoquait la laide modernité des immeubles des années 1970 (qu’on trouve tout de même également aux alentours de la station Kottbusser Tor de Kreuzberg). Tout euphorique du fait des irrégularités architecturales de l’environnement urbain, je ne pouvais m’empêcher de trouver un certain exotisme à la capitale allemande qui décidément m’en mettait plein la vue depuis le début.          

Il est très déstabilisant de se promener sur la Karl-Marx Allee et sur son prolongement, la Frankfurter Allee, car ces boulevards sont immenses et l’architecture des immeubles gigantesque. Quand je m’y suis rendu, j’ai tout le long eu l’impression d’évoluer dans une autre dimension. En dépit de la présence de magasins divers, je ne pouvais m’empêcher de me dire que je trouvais le quartier désert et d’un calme inquiétant et ce, malgré la circulation de nombreux véhicules sur la grande avenue, à mettre sûrement sur le compte de la monotonie des façades en cet endroit. 

 

Immeuble longeant d'un côté la Franfurter Allee
 

Les deux tours, s’élevant au sortir de la station Frankfurter Tor m’arrachèrent à cette sensation. Leur toit vert et leurs colonnades me donnèrent l’impression de me trouver à l’entrée d’une vraie ville gréco-romaine et pour cause « Tor » en allemand signifie porte.

 

Frankfurter Tor

Lorsque je sortis à la station Warschauerstr., je fus aussitôt frappé par le dénuement des alentours. Je traversai le pont de la S-Bahn (RER allemand), dominant perpendiculairement une multitude de rails, juxtaposés les uns à côté des autres et filant à perte de vue.
 

Une toile publicitaire occupait tous les étages de la devanture de l’immeuble situé sur ma gauche. Les vitres brisées ci et là m’indiquèrent que le bâtiment était abandonné. Je pris, un peu plus loin sur ma droite, la Revalerstr. dont un mur de brique rouge, couvert de tags et d’affiches publicitaires superposées à l’infini, constituait la partie latérale de droite. Autant dire que l’ensemble me rappela certaines parties industrielles de la Lorraine.





Dans la Revalerstr., je longeai sur ma gauche quelques cafés, restaurants et boutiques en tous genres et arrivai au niveau de la Simon-Dachstr., l’une des rues qui ont actuellement la cote auprès des jeunes. Les brasseries déployaient leurs terrasses sur les trottoirs car le soleil printanier daignait bien s’y prêter. Le sentiment de vide s’estompa alors pour laisser la place au même étonnement que j’avais éprouvé en découvrant les cafés de Prenzlauer Berg, quartier tendance, actuellement le plus cher de Berlin.

 

Cinéma café restaurant sur la Simon-Dachstrasse

 

café restaurant sur la Simon-Dachstrasse

Friedrichshain est en effet connu pour être l’alternative. Malgré une propension toujours plus grande à vouloir se démarquer de ce concurrent direct, je trouvai que certaines de ses rues étaient habitées des mêmes cafés et finissaient de plus en plus par y ressembler, ce qui n’est pas sans engendrer quelques problèmes avec le voisinage résidant. Depuis quelques années, des travaux de rénovation des immeubles ont été entrepris et les prix ont sensiblement augmenté dans les ruelles les plus fréquentées. Néanmoins, Friedrichshain est très étendu et le quartier conserve dans son ensemble, du moins pour le moment, son caractère authentique. Que Friedrichshain soit le quartier alternatif à la mode générale n’est pas si étonnant surtout que, dans les années 1920 et 1930, il était le QG des sociaux-démocrates et des communistes. Après la prise de pouvoir par les nazis, de nombreux affrontements sanglants eurent lieu entre ces dissidents politiques et les troupes de la SA (faction militaire du parti nazi).

Continuant mon périple, je passai devant une grande variété de cafés et de restaurants, émerveillé par la sérénité et le caractère oisif qui se dégageait de l’atmosphère du tout. Tandis que j’arpentai les rues avoisinantes, j’avisai la présence de quelques locaux vides sur la vitre desquels figurait la mention « zu vermieten » (« à louer »). Je m’imaginais sans peine la configuration future du même quartier dans quelques années quand Berlin se hissera au niveau économique des plus grandes capitales européennes. Le nombre des locaux à louer diminuera sans aucun doute et de grandes chaînes se disputeront le moindre mètre carré de surface commerciale. Mais je ne tardai pas à chasser cette pensée de mon esprit car je souhaitais savourer le privilège qui m’était donné d’être dans la ville que j’aime à appeler « nouvelle », si loin de la concentration et de l'uniformité, parfois fade, des autres capitales.       

 

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Nicolas Sconza - dans quartiers