Berlin est depuis très longtemps une ville "à part", connue pour son atmosphère unique. Dans son roman Mémoires d'une fille rangée, Simone de Beauvoir fait mention d'une amie d'enfance qui, dans les années 1920, est envoyée par ses parents à Berlin, ces derniers étant préoccupés par leur fille qui voulait épouser un jeune homme "indigne" de leur famille. Partie en traînant des pieds, elle décrit, dans ses lettres à Simone, une ville que ses parents auraient sans doute méprisée s'ils avaient su. La cité qu'elle dépeint n'est pas sans rappeler celle d'aujourd'hui : avant-garde artistique (théâtre), sentiment de liberté dans tous les domaines, et surtout la liberté des moeurs, bref le contraire de la société française de l'époque où la bienséance était une condition de respectabilité. Presqu'un siècle s'est écoulé depuis. La population est aujourd'hui certainement plus mélangée et internationale qu'elle ne l'était alors. Pourtant l'atmosphère décrite dans le roman correspond tout à fait à celle encore palpable de nos jours. Tel le phénix qui renaît de ses cendres, Berlin a su, de son état de dévastation d'après-guerre, retrouver peu à peu les traits qui faisaient déjà son charme au début du XXe siècle.
